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DECALAGES ...

27 février 2008

La jeunesse face au temps

Today__s_Youth_by_DangerDogJ'ai toujours eu une conscience aigue du temps qui passe et de la fugacité de la jeunesse… J'ai toujours fêté mes anniversaires avec appréhension et méfiance; Je ne me souviens pas y avoir jamais trouvé un motif de réjouissance ou de célébration… Au contraire, avec chaque anniversaire, mon rêve d'immuabilité physique et mentale s'écroulait un peu plus. Pour moi, il n'y avait rien à fêter. Ce n'était qu'une bataille de plus que ma jeunesse et moi perdions honteusement contre le temps. Au fil des années, le temps s'est imposé comme mon grand Ennemi, un ennemi tapis sournoisement dans l'ombre auquel je concédais, toute penaude, de douloureuses victoires... Mon espoir en créant ce blog est de pouvoir, en les mettant à nu, venir à bout de mes angoisses, à la fois d'être humain cramponné à sa jeunesse et de Libanaise excédée de se voir usurper sa part d'enfance, puis de jeunesse, pour avoir eu le malheur de naître dans une région du monde oubliée des fées… Mais pourquoi fallait-il que je sois aussi obsédée par l'idée de grandir, alors que, dans mon pays, la jeunesse est étouffée et n'a tout simplement pas sa place? Serait-ce dû à une implacable conjoncture astrale? (je suis Gémeaux ascendant Cancer et d'après les astrologues, mon portrait astral se décline de la manière suivante: "Les Gémeaux sont d'éternels adolescents, le Cancer reste longtemps un enfant; résultat le natif révèle un caractère juvénile, fragile et vulnérable… accroché à ses rêves et nourri d'illusions…"), ou aux guerres en tous genres qu'il m'a été donné de vivre, comme autant de cadeaux empoisonnés, au même titre que les libanais de mon âge, au point que mon album souvenirs s'est retrouvé grossi d'images atroces faites de sang et de lambeaux, me poussant à m'accrocher à ces restes de jeunesse sacrifiée comme un trésor? Ou encore à mes lectures d'adolescente tourmentée- le portrait de Lucile par CHATEAUBRIAND("II lui prenait des accès de pensées noires que j'avais peine à dissiper ; à dix-sept ans, elle déplorait la perte de ses jeunes années ; elle se voulait ensevelir dans un cloître."); ou le portrait de Dorian GRAY d'Oscar WILDE? Je n’en sais rien.. Certes, on a beau dire – et c’est là une bien maigre consolation - que l’âge ne se compte pas en termes d’années, et que c’est la jeunesse d’esprit qui prime, il n’empêche que le corps est bien là qui nous rappelle, à travers les premières rides, et les premiers signes d’essoufflement et de fatigue, que l’on finit toujours par prendre « un coup de vieux ».
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27 février 2008

Les "miracles" de la guerre

index 12 juillet 2006: Début de l'offensive israélienne contre le Liban suite à l’enlèvement de deux soldats de Tsahal par le Hezbollah.. 13 juillet 2006, je reçois un mail incroyable que j'attendais en secret depuis quatre ans et que je n'espérais plus "Ya sé que no me merezco que me respondas después de lo mal que me porté y del tiempo que ha pasado, pero necesito saber que estás bien. Es una locura!!!! Por favor respóndeme a esta dirección…" Le signataire de ce mail m'avait fait horriblement souffrir quatre ans auparavant. Au bout de longues années de silence, je l'avais donné pour mort et j'avais renoncé à comprendre… S. était marin. Je l'ai connu lors d'un séjour au sud de l'Espagne. Un fol amour de jeunesse pétri d'illusions qui voit le jour dans le pittoresque port de Benalmadena. Lui était lucide et d'un réalisme à toute épreuve, cruel presque… moi je voulais soulever des montagnes… J’y croyais tellement ! Les obstacles, il en voyait partout, à commencer par mes origines (!) et mon « jeune » âge; je n'en voyais aucun. Au contraire, je croyais dur comme fer au mélange de civilisations, venant d’un pays qui s’est justement construit sur un métissage. J'avais encore cet âge où l'on croit que l'amour rend invincible. Il calmait mes ardeurs en permanence: "Eres joven... me olvidarás en cuanto vuelvas a tu país." Je n'en démordais pas… de retour au Liban, je me plonge à corps perdu dans un passionné échange épistolaire, qui me permet, du même coup, de pratiquer l'espagnol.. Puis, un beau jour, S. cesse d'écrire.. Mon désespoir est profond. Jusqu'à ce jour de juillet 2006 où le Liban bascule dans l'horreur.. Un mail.. J'ai un mal fou à y croire. Plus de quatre ans s'étaient écoulés depuis.. Rongé par les remords, il reconnaissait- un peu trop tard- sa lâcheté, sa peur face à l'amour qui vous tombe dessus un beau jour, sa peur de ne pas être à la hauteur, de vivre une histoire aussi compliquée que la nôtre… Dans l’intervalle, j'avais pris de la bouteille. Je pardonne, mais je n’arrive pas à oublier… Il aura fallu que mon pays soit mis à feu et à sang pour que je puisse faire le deuil de cette histoire… Notre nouvelle correspondance sera plus éphémère que la première et s'achève en même temps que le cessez-le-feu. Elle aura eu le mérite d'adoucir l'âpreté du quotidien et de mettre une sourdine aux grondements des missiles.
27 février 2008

Un stewart pas comme les autres

Plane_by_AmlejoIl s'appelle Hamid, la cinquantaine fraîchement entamée, marocain, originaire de Casablanca, musulman ultra-libéral, divorcé, trois grands enfants. Je l'ai connu sur un vol d'Air Maroc. L'avion était à moitié vide et je voyageais seule. Je l'avais remarqué, qui avait un mot gentil pour tout le monde, et qui plaisantait avec les hôtesses de l'air. Puis, ce fut mon tour: "Vous lisez quoi Mademoiselle?" Je l'invite à prendre place à côté de moi. On sympathise d'office. Il me raconte sa vie, l'échec de son couple, ses fiertés de père, son attachement pour sa chatte Rosie… et cette décision, un beau jour, de laisser tomber son boulot sérieux dans une grande banque à Paris pour rejoindre Air Maroc comme stewart, un travail qui lui permet de vivre entre ciel et terre, et de rester en perpétuel mouvement, une façon aussi de fuir le quotidien et de se refaire une jeunesse. Les cinq heures de vol entre Casa et Beyrouth filent à toute allure. Mon interlocuteur est charmant et d'une exquise fraîcheur. Au moment de nous séparer, je lui tends une image de Notre Dame du Liban avec une prière. "Garde-la sur toi. Elle te protègera pendant que tu es tout en haut…". Il la cache dans la poche de sa chemise, les yeux humides "Merci, tu es gentille. Elle ne me quittera jamais." Nous sommes émus tous les deux. "Si jamais tu passes par Casa, tu sais où me trouver…" Pareil pour moi, je débite des inepties d’une voix cassée, alors que je sais parfaitement qu'on ne se reverra plus. Cette histoire était née dans les nuages sous le grondement sourd des hélices. A terre, elle avait vite perdu toute son aura…
27 février 2008

La jeunesse libanaise: De désillusions en coups durs

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14 février 2008: Branle-bas de combat. Le Liban se réveille en émoi. Le matin, le clan du 14 mars, drapeaux et bannières dehors, commémore le 3ème anniversaire de l'assassinat de Rafic HARIRI et des martyrs tombés avec lui à grand renfort de discours tonitruants et d'accusations acerbes. L'après-midi, place aux "autres": C'est au tour du Hezbollah de vider son sac lors des funérailles de l'un de ses chef, Imad MOGHNIYEH, assassiné la veille en Syrie par le Mossad. Alors que les Américains et les Occidentaux boivent du petit-lait, c'est l'occasion pour le Hezbollah de réagir, en termes durs, aux propos tenus le matin par la majorité au pouvoir et de se répandre en imprécations contre l'ennemi sioniste et ses procédés tordus. La rue est enflammée. Jamais les clivages n'ont paru aussi prononcés. Scotchés devant le petit écran, nous retenons notre souffle. Chaque camp a du mal à mater ses partisans. Le soir, les débordements dégénèrent. Les jeunes se laissent vite prendre au piège. Envoûtés par les propos galvaniseurs de leurs leaders, ils sont incapables de voir et de comprendre. Ils ne réalisent pas qu'il serait temps pour eux de transcender enfin leurs divisions historico-politico-religieuses et de s'unir pour le Liban. Ce n'est pas en se lançant des accusations et des insultes à tout-va qu'on construit un pays. Ce n'est pas non plus en faisant le plein de haine et de fiel que l'on réussira à vivre ensemble un jour. C'est la jeunesse d'aujourd'hui qui fera le Liban de demain. Mais de cette jeunesse, il ne reste pas grand-chose, à part quelques inconscients qui se plaisent à attiser le sentiment d'allégeance à un clan ou à un leader, et une majorité désabusée qui n'y croit plus et qui se laisse vivre parce qu'elle n'a plus vraiment le choix. Le ciel de février pèse lourd au-dessus du Liban et les perspectives n'ont jamais été aussi mauvaises. J’en pleure presque…

27 février 2008

"Les lundis m'écoeurent!" dixit Garfield

garfield

A peine avais-je enfoncé la clé dans la serrure que je suis accueillie par un miaulement rauque et impatient. Chargée de paquets comme tous les lundis matins, je peste contre cette clé que je n'arrive pas à tourner. Je réussis enfin à entrer dans le bureau plongé dans l’obscurité. Nou m'attend dans l'entrée, le dos rond, l'air d'être tout droit sorti de sous la douche. Il faut dire que c'est un maniaque du léchage. Nou est un persan noir qui squatte le bureau depuis quatre semaines, depuis ce jour de pluie battante où on l’a jeté à ma porte. Et il a déjà bien marqué son territoire. Pour l'information, il est borgne et je crois qu'il n'aurait pas été plus beau s'il avait eu ses deux yeux. Nou a beaucoup souffert, mais je l'aide à remonter la pente à fortes doses d'amour… et de médocs aussi. Le vétérinaire a dit qu’il fallait laisser faire le temps. Je cours d'une pièce à l'autre, ouvrant les fenêtres pour aérer l'appartement. Je lui remplis ses gamelles, nettoie sa litière, alors que je mets mon sacro-saint thé vert à chauffer en attendant le démarrage laborieux de mon ordinateur. Bientôt quatre balais et déjà assez éprouvé par l'impitoyable utilisatrice que je suis. Evidemment, comme toujours après une nuit d'orage, l'Internet ne fonctionne pas. Premier motif de mauvaise humeur. L'Internet est essentiel à mon boulot de traductrice. J'appelle mon fournisseur. Comme je m'y attendais, son portable est hors service. La bonbonne de gaz agonise alors que mon thé n'est toujours pas prêt, ce qui achève de me mettre complètement de mauvaise humeur. Sans thé, je carbure mal. Nou s'impatiente. Il piaille et se morfond dans un coin. Il attend sa dose quotidienne de câlins qui tarde à venir aujourd’hui. Je le prends sur mes genoux ; le ups pousse des sifflements stridents, annonçant une coupure de courant. Et pourtant, ils ne sont pas censés couper à 10h00 aujourd'hui, Selon le programme de rationnement du courant appliqué religieusement par EDL, la coupure doit intervenir à 15h00. Cette coupure inopinée est certainement due aux réparations consécutives au déchaînement des éléments hier dans la nuit. Je me prépare à travailler sur le portable – encore plus éprouvé que le desktop - en attendant le courant. Au bout de deux heures, la lumière revient, mais toujours pas d'Internet et mon fournisseur refuse obstinément de décrocher son téléphone. J'avais à peine traduit quelques lignes que le ups siffle de nouveau. 15h00 déjà! Et avec ça, j'avais oublié de passer mon repas au micro-ondes.. tant pis, pas de déjeuner pour moi aujourd'hui.. Le téléphone sonne pour la première fois de la journée. Ces derniers temps, les appels se font plutôt rares. Normal : le pays est en plein marasme économique. Une nouvelle commande peut-être?? Comble de malchance, c'est un client mécontent qui réclame son texte à cors et à cris et qui me crache son venin en vociférant. Evidemment, avec tous les contretemps que j'ai eus aujourd'hui, je n'ai pas pu finaliser son texte! L'envie me prend de lui raccrocher au nez. La main m'en démangerait presque… Mais je ne le ferais pas bien entendu. Il y va de ma carrière et de mon indépendance financière. Dix-sept heures trente: le courant revient. Enfin ! je suis frigorifiée et j'ai une faim de loup… Je cligne des yeux après deux heures passées dans la pénombre (je suis en sous-sol et la lumière filtre à peine à travers les vitres). Encore une journée de perdue. C'est bien la peine d’immoler ma jeunesse sur l’autel de l’ambition si c'est pour essuyer une telle déconvenue et voir mes efforts réduits à néant pour des raisons indépendantes de ma volonté et que j’ai de plus en plus de mal à gérer. Décidément, le Liban aujourd'hui est loin d'être un terrain propice à la réussite professionnelle des jeunes entrepreneurs.

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27 février 2008

A LIRE ABSOLUMENT : Le 07/03/2007,Viviane BLASSEL, reine de la mode sur TF1, publie "Passée de mode?

Chronique de mauvaise humeur, non, on n'est pas vieille à 60 ans!

41tOxmvn8DL Comment réagit-on, lorsqu'on évolue, comme l'auteure, dans deux milieux (la mode et la télévision) qui ne jurent que par la jeunesse, en recevant un jour une feuille de la Sécurité sociale vous annonçant vos droits à la retraite? Prise d'un accès de colère en lisant ce document, Viviane BLASSEL décide alors de rédiger ce récit sur les sexagénaires, la manière dont on les regarde, l'âge qui avance... Brossant des tableaux à la fois crus et cruels du temps qui passe, du regard des autres qui change, des ravages de la chirurgie esthétique sur certaines, des maisons de retraite mouroirs, elle se met en scène et entame le défilé de tous les désagréments et répercussions que cette date fatidique de soixante ans implique. Elle invite son lecteur à se poser la question suivante: Est-on ringard et à mettre au rencard en devenant senior ? Pour elle, jeune sexagénaire alerte, c'est évidemment non.
Ce récit a un pouvoir démystificateur. Il rétablit, en quelque sorte, l'équilibre entre deux mondes que l'on cherche à tout prix à dissocier: à savoir celui de la jeunesse et celui de la "vieillesse".L'auteure affirme sans détour: Ma place n'est pas à prendre. Je ne suis pas près de la céder. A voir Viviane BLASSEL toujours aussi rayonnante à 60 ans, l'on souhaiterait presque devenir sexagénaire…

27 février 2008

Passage de la chanson « Qui » de Charles AZNAVOUR

Cette chason évoque l’amour malgré la différence d’âge, une chanson qui me parle beaucoup

« Nous vivons à vingt ans d'écart

Notre amour est démesuré

Et j'ai le cœur au désespoir

Pour ces années

Car lorsque mes yeux seront clos

D'autres yeux vont te contempler

Aussi je lutte avec ce mot

De ma pensée »

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  • Ce blog est le miroir profond de mon angoisse face au temps qui passe et de mon rêve d'éternelle jeunesse, alors que mon pays menace de se désintégrer à tout moment ... une jeunesse décalée en somme
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